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01

Septembre

2021

Histoires de banksters

Histoires de banksters
 


Madame, Monsieur, chers clients,


En cette rentrée où ils vont lorgner avec avidité sur l’épargne que vous avez accumulée depuis des mois, je voulais pousser un coup de gueule contre les banquiers. Tout au moins contre les « conseillers » bancaires qui s’autorisent soudainement à vous proposer des produits financiers dont ils ne connaissent pas le fonctionnement. Petite histoire rencontrée à maintes reprise ces derniers mois avec quelques variantes...


Lors d’un bilan patrimonial effectué pour un client, je détecte l’existence d’un ancien contrat d’assurance-vie sur lequel sont effectués des versements réguliers, avec des frais d’entrée allant jusqu’à 4 ou 5%, investis sur un fonds en euros qui rapporte péniblement entre 0,5 et 1% par an. Autrement dit, pour chaque versement, il faudra 5 à 10 ans pour amortir les frais et qu’il commence – peut-être – à se valoriser un petit peu.


Vous qui me lisez savez ce qu’il va en devenir des fonds en euros : le client est donc vite convaincu qu’il lui faut réorienter son épargne et s’intéresser aux UC (unités de compte). S’il prévient son banquier, la réaction est toujours la même : « Nous aussi on peut vous proposer des UC ». Tiens donc. Et pourquoi ne pas l’avoir fait avant ?


Tout simplement parce que le banquier ne connait pas le fonctionnement des UC. Sa hiérarchie lui promet primes et reconnaissances s’il refourgue des UC à ses clients, mais ses seuls arguments sont la carotte (« Votre fonds en euros bénéficiera d’un bonus de 0,1% si vous mettez 40% d’UC dans votre contrat ») ou le bâton (« La réglementation vous oblige à investir au moins 50% d’UC pour votre versement »).


Vous imaginez bien que c’est pour lui une véritable aubaine de tomber sur un client qui veut des UC sans qu’il ait à essayer de le persuader. Alors il sort à la fois les crocs et le tapis rouge.


Et bonjour les arguties pour recommander les UC : « Je vous conseille de choisir cette UC car elle a suscité un réel engouement chez nos clients ». L’UC en question est souvent un fonds structuré, extrêmement complexe dans sa conception, dont je mets au défi tout banquier de vous l’expliquer sans en omettre les risques. Les fonds structurés s’appelaient auparavant des « fonds à formules » et encore avant des « fonds à promesses », promesses dont on sait qui elles engagent en général.


Le plus souvent, le banquier ajoute même qu’il peut faire un geste commercial sur les frais d’entrée. Tu parles : il a trouvé un client qui va lui permettre d’obtenir une gratification de sa hiérarchie, alors il peut consentir un petit effort. Mais il ne s’attardera jamais sur les risques et la volatilité des UC en question et ne vous en proposera aucunement le suivi indispensable. Défaut de conseil manifeste, qu’il évacue sans remords en reportant la responsabilité sur son employeur.


Ce comportement de marchand de tapis m’exaspère, vous l’aurez compris. C’est une tâche sérieuse la préconisation d’UC. Messieurs les banquiers, laissez cela aux professionnels. Je passe énormément de temps à analyser, sélectionner et suivre les meilleures UC du marché. Et chacun de mes clients sait combien c’est un travail complexe et incertain.


Le métier du banquier est de gérer votre argent au quotidien : recevoir vos revenus, vous octroyer des moyens de paiement, vous accorder des crédits et placer les disponibilités sur des livrets réglementés. L’investissement financier, que ce soit en assurance-vie ou tout autre support, n’est pas de son ressort.


Donc oui, je suis effaré de ce comportement de bankster que je constate de plus en plus Souvent. Confier vos placements financiers à un banquier, c’est se positionner en victime expiatoire d’un système pernicieux.


Je vous souhaite une très belle rentrée !
 


Philippe Paris

 

"Penser sans n'être qu'un penseur"

 

 

 

 

Le saviez-vous ? 

 


Phi Patrimoine… a changé le look de son site Web !

Peut-être avez-vous remarqué que le site de Phi Patrimoine a changé. Il parait que l’ancien était vieillot et ne répondait plus aux critères de convivialité d’aujourd’hui. Les sites Web sont comme la mode…

 


L’ergonomie en a donc été modernisée. Vous y trouverez les mêmes rubriques qu’auparavant, sensiblement enrichies. Comme je sais que certains utilisateurs la consultent régulièrement, l’accès à l’historique des newsletters en particulier est plus attrayant.

 


Et comme il me l’a été suggéré à plusieurs reprises, j’ai souhaité un accès direct à la liste des sujets traités dans la rubrique « Le saviez-vous ? ». Il sera très prochainement fonctionnel.

 


N’hésitez pas à me faire part de vos commentaires et suggestions.

 

 

 

Jours de marchés

A peine avais-je fini de rédiger ma rubrique du mois d’août que le CAC 40 faisait un pied de nez aux traders. Après une réelle consolidation, il repartait de plus belle pour aller tutoyer son record historique au-dessus des 6.900 points.

Mais la patrouille est rapidement intervenue pour lui faire réintégrer son canal de tendance. On a même assisté à nouveau dans la foulée au scenario du gap de dévissage décrit le mois précédent.

 

 

 

 

 

 

 

Est-ce qu’à l’instar des précédentes occurrences de ce scenario l’indice remontera rapidement ? Si tel est le cas, on atteindra des niveaux inconnus du CAC 40 à ce jour, l’exposant en première ligne à la moindre nouvelle considérée comme négative par les marchés.


La rengaine se répète depuis 3 mois. Sur le graphique, visualisés en bleu, on retrouve 4 fois le même scénario : le CAC 40 dévisse soudainement, avec un gap laissant craindre le pire… puis revient aussitôt sur ses niveaux d’avant décrochage. Cette valse entre crainte économique et réaction des banques centrales risque de durer un moment mais la musique finira bien par s’arrêter.


Dans sa course folle qui l’a amené à quasiment doubler en 18 mois, l’indice CAC 40 n’a rencontré que deux sortes d’écueils qui l’ont fait flancher : la crainte de l’interminable pandémie et celle d’une inflation galopante. Mais à chaque fois, la situation s’est rétablie à force d’injections que les marchés saluent : vaccin ou liquidités des banques centrales…


A ce titre, les opérateurs attendaient beaucoup de l’intervention de Jerome Powell vendredi dernier : il devait annoncer la poursuite ou non des rachats d’actifs en masse par les banques centrales. Le directeur de la FED a manœuvré avec habilité : oui les aides baisseront, mais pas tout de suite. Il n’en fallait pas plus pour rassurer les opérateurs…


Avez-vous remarqué en cette rentrée comme le discours des dirigeants vise à éviter de faire paniquer les marchés ? Outre Powell, Bruno Le Maire a lui aussi annoncé la semaine dernière que le « quoi qu’il en coute » était fini… sauf pour ceux qui en ont besoin. Faut-il en déduire que des aides ont été accordées jusqu’ici à ceux qui n’en avaient pas besoin ?


Quoi qu’il en soit, le sevrage va être difficile. Et l’état de manque de certains acteurs économique, habitués depuis des mois à vivre sous perfusion, va faire des ravages. La pandémie agit comme un écran de fumée qui dissimule les réalités économiques sur le long terme.


Il va falloir maintenant passer à autre chose. Les mois qui viennent vont voir poindre d’autres échéances économiques et électorales. Nous l’avons dit et répété : il faut se bouger et accepter l’évolution de ces modèles économiques ancrés dans nos habitudes et qui nous paralysent. En espérant qu’elle s’accompagnera d’une réelle transition écologique.


Mon rôle n’est pas de deviser sur le devenir économique de la planète, mais je serais rassuré que les décideurs arrêtent de pédaler dans le vide et lèvent le nez de leur guidon. Il va se produire dans les années qui viennent des mutations profondes de l’économie. Il faudrait peut-être songer à s’y préparer…


Phi Patrimoine suivra ces changements de près, je puis vous l’assurer !

 


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