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2020
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L'effet papillon Tout d’abord j’espère que vous allez bien et gardez le moral en cette période effroyablement déstabilisante. Et j’ai une pensée toute particulière pour les infirmières, les soignants et les médecins, nombreux à recevoir cette chronique, et qui sont en première ligne pour lutter contre le coronavirus. Ainsi donc un microbe a ébranlé la planète entière et déclenché un désastre sanitaire et économique. En ce XXIème siècle, alors que l’homme se targue de maîtriser les technologies les plus avancées et les outils les plus sophistiqués, un organisme un million de fois plus petit qu’une fourmi, apparu à l’autre bout de la planète mais dont on ne connait toujours pas l’origine, s’est avéré incontrôlable et destructeur de vies et de richesses. Je ne vais pas ici vous abreuver d’informations : la presse s’en charge tous les jours et j’adresse une ou deux fois par semaine à ceux d’entre vous qui sont clients du cabinet un point un peu plus circonstancié de l’évolution de la situation économique et financière. Si vous n’êtes pas encore client, n’hésitez pas à me contacter pour échanger sur le sujet. Pour faire simple, il y a trois points qu’il va falloir surveiller dans les semaines et les mois à venir, qui risquent d’influer sur la situation économique et la volatilité des marchés. Sur le très court terme, les nouvelles mesures de confinement auront un impact immédiat, particulièrement aux USA, qui semblent ne pas encore avoir pris les dispositions ad hoc. Ensuite, lorsque sera identifié le « pic » de l’épidémie au niveau mondial, il deviendra possible d’ajuster les conséquences économiques. Progressivement seront mises en balance les mesures budgétaires et monétaires entreprises dans l’urgence par les gouvernements, et la réalité économique des données qui seront publiées. Enfin, à plus long terme, il faudra observer les répercussions des mesures massives prises par les banques centrales, tant aux États-Unis qu'en Europe. A faire sauter toutes les limites pour amortir l’inévitable récession revient à accroître sans limite l’endettement des états. Il ne faudrait pas que la situation débouche à terme sur une crise de la dette…Nous y reviendrons. D’ici là, prenez soin de vous et de vos proches… Jìng zhù, Philippe Paris "Penser sans n'être qu'un penseur"
Madame, Monsieur, chers clients,
Le saviez-vous ?
Quand les taux d’intérêt montent… les obligations se déprécient !
Une obligation est un titre de créance que vous détenez envers un état ou une entreprise qui a souhaité emprunter de l’argent sur les marchés. En contrepartie de votre prêt, vous recevez une rémunération sous forme d’un intérêt fixe annuel (le coupon) puis, au terme prévu, le montant de l’obligation vous est remboursé.
Il faut bien comprendre deux principes essentiels : le taux du coupon s’effectue selon les taux directeurs des banques centrales, et les obligations sont négociables, c’est-à-dire cessibles entre individus.
Imaginons un système virtuel où les taux seraient à 1% et toutes les obligations émises à ce taux de rémunération de 1%. Ainsi, en investissant 100.000 € en obligations, vous recevriez un coupon annuel de 1.000 €.
Supposons maintenant que pour une raison quelconque il soit décidé que les taux passent à 2%, c’est à dire que de nouvelles obligations soient émises qui vous proposent un coupon de 2.000 € pour 100.000 € investi. Mais qu’en même temps, Monsieur Dupont, détenteur d’anciennes obligations à 1%, ait besoin de liquidités et souhaite vendre ses propres titres. Ou investiriez-vous vos 100.000 € ? Dans les nouvelles obligations qui vous rapportent 2.000 € ou en acquérant les titres de Monsieur Dupont, qui ne vous rapporteraient que 1.000 € ?
De fait, la loi de l’offre et de la demande va réguler le marché : Monsieur Dupont va devoir baisser la valeur de ses obligations pour que le coupon qu’elles rapportent soit attractif. Et si vous faites un rapide calcul, vous vous rendrez compte qu’il faudra qu’il baisse la valeur à 50.000 € pour que les 1.000 € de coupon représentent le même rendement que les nouvelles obligations à 2%. Doubler le taux de rendement revient à diviser par deux la valeur des anciennes obligations.
Bien entendu c’est en réalité bien plus complexe et il faut tenir compte d’autres paramètres (échéance de l’obligation, qualité de l’émetteur, etc). Mais, pour faire simple, à un instant t, toutes les obligations offrent un taux « actuariel » qui tend vers les taux directeurs déterminés par les banques centrales. Quand il est décidé une hausse de ces derniers, la valorisation des obligations baisse mécaniquement.
Les obligations sont aujourd’hui considérées comme le support approprié des placements « sans risque ». Mais on oublie qu’il n’y a pas eu de hausse de taux depuis 30 ans. Et ce sont généralement les grands chocs économiques qui bouleversent la courbe des taux.
Jours de marchés
Cette rubrique « Jours de marchés » est assez paradoxale : elle permet de comprendre les marchés a posteriori mais ne peut pour autant servir à prévoir ce qu’il va se passer. Quelle utilité alors me direz-vous ?
L’analyse des marchés n’est qu’un exercice statistique. Elle me sert de fil conducteur pour comprendre la tendance de long terme et essayer de m’appuyer sur le passé et le présent pour envisager l’avenir qui présente le plus de probabilité de se produire.
Mais le « cygne noir » qu’a constitué l’apparition du Covid-19 montre bien les limites du système. Comme en principe un cygne noir est par définition très exceptionnel, on peut tout de même essayer de comprendre la situation, toujours en s’appuyant sur la courbe du CAC 40, reflet des principales entreprises françaises.
Ainsi, à l’examen du graphique d’évolution de l’indice depuis 1989, un double constat saute aux yeux.
Incontestablement, ces deux derniers mois ont montré les excès du système des marchés boursiers. Ce sont les algorithmes, les automates, les ETF et autres instruments financiers complexes qui ont entraîné un krach. Il est bien loin le temps où la valeur des actions dépendait de la qualité des entreprises et de la macro-économie : définitivement, la bourse de nos aïeux n’existe plus.
Autant les krachs de 2001 et 2008 étaient prévisibles compte tenu de valorisations d’actifs historiquement excessives (les bulles), autant celui de 2020 est la cause d’un évènement exogène que personne n’a vu venir.
On sentait bien que le système était fragilisé et qu’un évènement planétaire pouvait tout bouleverser mais on imaginait difficilement que cet évènement arriverait aussi soudainement. Et tout est alors allé très vite, sans possibilité aucune de réaction : on n’arrête pas un couteau qui tombe.
La panique s’est traduite dans des ordres automatiques dont personne n’a pris soin de vérifier la rationalité et le CAC 40 est retombé en ligne directe sur des niveaux qu’il n’avait plus connus depuis 2013.
Pour cette rubrique de « Jours de marchés », je ne vais pas vous polluer l’esprit avec des considérations graphiques sophistiquées pour montrer ce qu’il s’est passé et que personne n’a été en mesure de prévoir.
Mais les marchés sont aujourd’hui trop bas pour que cela signifie quelque chose. D’ailleurs il a suffi d’annonces de mesures budgétaires et financières sans précédents pour qu’un rallye haussier naisse la semaine dernière, conjonction de deux éléments moteurs : les algorithmes se sont à nouveau activés de peur de rater la remontée des cours qui semblait prendre corps ; et surtout les ventes à découvert, à l’origine des ordres automatiques, ont été partiellement interdites en France.
Puis l’euphorie est retombée en fin de semaine dernière à la vue des dégâts plus colossaux de jour en jour de l’épidémie dans les pays industrialisés. Aujourd’hui, le consensus veut que les jours à venir soient le pire de la crise pour les marchés actions. En effet, les Etats-Unis devraient à leur tour subir l’ampleur de la vague et alimenter la panique. Il n’est donc pas exclu que l’on aille toucher des seuils encore plus bas que les 3.632 points du 16 mars dernier.
Et puis en principe les marchés devraient ensuite remonter lorsque l’on aura la certitude d’avoir passé le pic de l’épidémie au niveau mondial, échéance que personne ne peut prévoir aujourd’hui. Il devrait donc encore y avoir quelques jours de nervosité et de volatilité.
Pour autant, ne paniquons pas : les décisions prises sous le coup de l’émotion sont toujours contre-productives. N’oublions pas que l’assurance-vie ou les contrats retraite sont des placements de moyen ou long terme. Attendons que la situation reprenne un peu de sens et il sera alors temps de prendre les décisions adéquates sur la durée.
Si vous souhaitez discuter de votre situation propre, n’hésitez pas à me solliciter…
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