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07

Février

2024

Ponzi et les fonds en euros

Madame, Monsieur, chers clients,

Un système de Ponzi, ou pyramide de Ponzi, est un montage financier frauduleux, du nom d’un personnage du début du XXème siècle qui l’a mis au point pour spolier 40.000 investisseurs.

Le principe est d’attirer des investisseurs par des rémunérations alléchantes et sécurisées, mais qui sont en fait assurées par les apports des nouveaux investisseurs, attirés de la même manière. Ainsi, il y a toujours de l’argent frais disponible pour rémunérer les investisseurs sortants. Le mécanisme fonctionne jusqu’à ce que les sommes apportées par les nouveaux entrants ne suffisent plus à couvrir les rémunérations promises, provoquant l’effondrement du système sur lui-même.

Sans transition, rappelons que quand vous investissez votre argent sur un fonds en euros, vous le confiez à un assureur qui en fait ce qu’il veut. Comme il s’est engagé à vous restituer votre capital à tout moment, il le positionne sur ce qui est le moins volatile : les obligations, et plus précisément les obligations d’Etat. Or la valeur des obligations varie à l’inverse des taux d’intérêt. Les taux directeurs étant passés de 0 à 4% en 2022, il y a eu un véritable krach obligataire.

De fait les actifs dans lesquels sont investis les fonds en euros ont largement été impactés. Si les détenteurs de fonds en euros en avaient été conscients et étaient sortis en masse, cela aurait été une catastrophe pour les assureurs, qui auraient dû liquider leurs obligations à la baisse pour restituer leur argent aux investisseurs.

Mais tant qu’il y a un équilibre entre les sorties et les entrées, les assureurs ne sont pas obligés de brader leurs obligations : ils honorent les rachats grâces aux investissements de ceux qui continuent à se porter sur les fonds en euros. D’où l’idée d’attirer de nouveaux investisseurs pour assurer la performance des sortants, mais de ne pas trop en attirer tout de même pour ne pas pérenniser le déséquilibre.

Du coup les assureurs rivalisent d’imagination à coup de frais réduits et de promesses de surperformances pour inciter les investisseurs à se porter sur les fonds en euros… tout en instaurant des règles pour limiter la part des sommes investies. Ce qui leur permet de disposer d’argent frais pour honorer les rachats immédiats des sortants, sans augmenter le danger qui guette à terme les fonds en euros.

Il y a en effet une double menace qui plane sur les fonds en euros et pourrait générer des désinvestissements massifs : d’une part leur rendement reste faible par rapport à l’inflation et en comparaison d’autres placements sans risque (fonds monétaires et de court terme) ; d’autre part ils détiennent la dette française… vous savez, cette dette que certains voudraient effacer…

Alors les sommes apportées par les nouveaux entrants suffiront-elles longtemps à couvrir les rémunérations promises aux sortants ? Ou le système finira-t-il par s’effondrer sur lui-même ?

Ah, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas écrit !...

Bien à vous,


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