Partagez l’article

02

Août

2023

Le taux du livret A… est fixé selon des règles amovibles !

Depuis février qu’il affiche un rendement de 3%, le livret A suscite un attrait qu’il n’avait plus depuis des lustres. A ce jour, 25 milliards d’euros y ont été collectés en 2023.

En principe, le taux est revalorisé 2 ou 4 fois par an selon une formule mathématique prenant en compte l’inflation et les taux d’intérêt interbancaires. Mais la loi prévoit la possibilité pour le gouverneur de la Banque de France qui transmet ses recommandations au ministre de l’Economie de déroger au résultat du calcul.

Déjà en février, le taux du livret A aurait dû passer à 3,3% selon la formule, mais François Villeroy de Galhaut avait mis en avant des « circonstances exceptionnelles » pour proposer un taux de 3%, confirmé ensuite par Bruno Le Maire.

Au 1er août, le taux aurait dû passer à 4,1% mais, à la surprise générale, il a été décidé de ne pas y toucher, en promettant en contrepartie de le maintenir à 3% jusqu’en janvier 2025 quoi qu’il arrive. Cette stagnation peut surprendre, mais elle s’inscrit dans une logique économique.

En premier lieu, une rémunération plus forte ne ferait que renforcer l’épargne au détriment de la consommation. Or, la France a besoin de la consommation pour stimuler la croissance.

Se pose aussi la question de la finalité de cette épargne. L’encours du livret sert en particulier à financer le logement social. Un livret A plus rémunérateur renchérirait mécaniquement le coût des capitaux empruntés par les bailleurs sociaux, déjà suffisamment à la peine.

Enfin, un livret A à 4% ou plus concurrencerait les fonds en euro des contrats d’assurance-vie, avec le risque réel de désengagement des petits épargnants alléchés par un gain immédiat. Si vous lisez ma chronique, vous savez combien cela serait dangereux pour les compagnies d’assurance en période de remontée de taux.

Loin d’être un placement idéal, le livret A est avant tout une variable économique pour orienter la stratégie d’épargne des français. Pénalisé en termes de rémunération et de succession, le garder en permanence garni au plafond est un non-sens patrimonial.

Précisons à toute fin utile que les taux fixés sont des rémunérations à venir et non sur l’épargne acquise : il faudra attendre un an pour voir son épargne augmentée de 3% sur un livret. Au-delà de la gestion de trésorerie à court terme, il s’agit donc de comparer cette rémunération à celle à venir des autres produits de taux à travers les contrats d’assurance-vie par exemple. Et là il n’y a pas photo…


Sur le même sujet...

02

Avril

2025

LE SAVIEZ-VOUS ?
En France… il n’est pas possible de déshériter ses enfants !

05

Février

2025

LE SAVIEZ-VOUS ?
La fiscalité sur les revenus de 2024… n’est pas encore connue !