Le vert à moitié vide

Souvenez-vous de décembre 2015, Paris, COP21 : la planète retenait son souffle. On promettait de contenir le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C, idéalement 1,5°C. Les chefs d’État se congratulaient, les ONG s’enthousiasmaient, et l’opinion publique avait l’impression d’assister au grand tournant de l’histoire humaine. Bref, on y croyait presque.

Dix ans plus tard, le constat est brutal. Les courbes des émissions mondiales continuent de grimper. Les glaciers fondent plus vite que prévu, les sécheresses s’installent, les incendies deviennent saisonniers. Les objectifs de la COP21 ne seront pas atteints : au rythme actuel, on file tout droit vers +2,5°C ou +3°C. Et encore, si tout va “bien”.

Entre-temps, Donald Trump est passé par là, retirant unilatéralement les États-Unis de l’accord de Paris. Depuis, la guerre en Ukraine, puis la flambée des tensions au Moyen-Orient, ont déplacé les priorités : ce sont les dépenses militaires et énergétiques d’urgence qui mobilisent les budgets, pas la transition verte. Les nations dépensent désormais davantage pour s’adapter au dérèglement (digues, climatisation, assurances, etc) que pour le prévenir. Autrement dit, on écope, mais on continue de percer des trous dans la coque.

Et la finance, censée être le levier magique ? En Europe, on a inventé la taxinomie verte, le SFDR, l’ISR, l’ESG… Un alphabet complet pour nous promettre des investissements durables.

Mais sur le terrain, les fonds labellisés “verts” sous-performent les fonds traditionnels et souffrent se sorties massives. Au premier trimestre 2025, 8,6 milliards de dollars sont sortis des fonds durables, dont 1,2 milliards en Europe. Les règlementations européennes ne suffisent pas à compenser les doutes croissants, et les épargnants préfèrent revenir à des placements sans contrainte écologique.

Alors, le vert reste-t-il une couleur d’avenir ou simplement une case marketing ? La COP21 nous avait donné l’illusion d’un verre plein. L’histoire récente nous rappelle qu’il est plutôt à moitié vide. Avec, en prime, la certitude qu’il fuit par en dessous.

Bien à vous,

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